A propos de l'inacceptable projet hospitalier

A propos de l'inacceptable projet hospitalier
Nous assistons à une déshumanisation de la médecine hospitalière

Briefe an die Redaktion, Luxemburger Wort, Samstag 4 Februar 2017

La célébration du 30e anniversaire de la fondation de MSF Luxembourg m'a permis de prendre à nouveau conscience de ce dont sont capables les médecins, non seulement sur le plan médical, mais également sur le plan organisationnel.

Poussés par leur idéal, ils s'engagent dans des missions humanitaires, même au risque de leur propre vie. Grâce à une logistique formidable, ils peuvent intervenir très rapidement de manière ciblée partout dans le monde.

Cet exemple devrait faire réfléchir le ministère de la Santé, les conseils d'administration et les directions de nos hôpitaux et les inciter de nommer suffisamment de médecins au niveau de leurs organes décisionnels.

Le ministère de la Santé ne semble malheureusement pas avoir une vision objective de l'exercice médical dans les hôpitaux. Par contre pour des raisons de prestige, la politique est toujours prête à financer de nouveaux établissements hospitaliers et à les inaugurer en grandes pompes, mais dans un hôpital c'est la qualité des soins qui l'emporte sur le luxe des infrastructures.

Malheureusement nous assistons à une déshumanisation de la médecine hospitalière à laquelle il faut s'opposer de toutes forces. Il y a quelques années les infirmières et les médecins étaient beaucoup plus présents au contact direct de leurs malades pour les soigner au mieux, mais aussi pour les rassurer, leur tenir la main. Aujourd'hui ce temps essentiel est malheureusement de plus en plus limité et ceci en raison de l'apparition de l'informatique dans les services. Tout doit être noté, contrôlé, corrigé, ce qui prend beaucoup de temps aux dépens du temps de contact avec les patients. En chirurgie nous entrons dans l'aire de la robotisation, les chirurgiens opérant à distance du patient sans contact direct avec celui-ci. La relation médecin-malade risque d'être bouleversée.

Notre système de santé doit garantir bien sûr l'accès égal aux soins de qualité pour tous, ceci n'étant possible que grâce à une certaine liberté des professionnels de santé et par leur intégration dans l'arbre décisionnel des hôpitaux. Il est donc temps de négocier sur une base saine et de manière constructive avec les différents intervenants à tous les niveaux pour que les mesures qui s'imposent puissent être prises dans le seul intérêt du patient.

Etant donné que dans le futur le recrutement des médecins hospitaliers risque de se faire uniquement par la direction et le conseil d'administration des hôpitaux, je me rappelle avec nostalgie le mode de fonctionnement de l'ancienne Zithaklinik où les médecins avaient la chance et le privilège de recruter eux-mêmes leurs futurs confrères sur base de ses compétences et de ses qualités humaines afin de travailler dans un esprit d'équipe remarquable dans l'intérêt des patients.

Dr Jean-Claude Schneider,

membre fondateur et ancien président MSF Luxembourg,

vide-président de la Fondation Cancer,

président de l'Association luxembourgeoise contre les maladies respiratoires,

ancien vice-président de l'AMMD